De grandes marques réinvestissent la plateforme X, influencées par la peur des répercussions de Musk, avec une hausse prévue des recettes publicitaires. Cependant, l’incertitude sur le contrôle éditorial et les contenus controversés soulève des questions sur la durabilité des relations avec les annonceurs. Les petites et moyennes entreprises montrent un intérêt croissant pour la publicité sur X.
Les grands annonceurs font marche arrière sur X, et ce n’est pas franchement par amour du réseau social. Après avoir claqué la porte suite au rachat par le fantasque milliardaire fin 2022, voilà que ces mêmes marques opèrent un retour en catimini. La raison ? Disons-le sans détour : la trouille des représailles que pourrait orchestrer Elon Musk, selon un rapport d’analystes qui vient de tomber.
Revenir pour ne pas se mettre à dos le nouveau « parrain » digital
Quand on a les poches aussi profondes et l’influence aussi tentaculaire que Musk, on peut apparemment faire plier bien des principes marketing. Et les chiffres ne mentent pas : le cabinet Emarketer anticipe une hausse des recettes publicitaires de 17,5% aux États-Unis et de 16,5% à l’international d’ici fin d’année. Une croissance qui fleure bon… la contrainte ?
« Ces entreprises reviennent principalement parce qu’elles considèrent désormais le coût de ne pas être sur X comme potentiellement plus élevé que celui d’y être« , décrypte sans langue de bois l’analyste Jasmine Enberg. Un calcul de risque plutôt qu’une adhésion enthousiaste, en somme.
La liberté d’expression version Musk : un terrain miné pour les marques
Depuis sa prise de contrôle, l’homme le plus imprévisible de la tech a transformé l’ex-Twitter en un Far West de l’expression où prospèrent des discours qui ont fait fuir bon nombre d’annonceurs. Qui veut voir sa dernière campagne pour un yaourt allégé côtoyer des propos sulfureux ?
Et comme si cela ne suffisait pas, le soutien affiché de Musk à Donald Trump lors de la dernière présidentielle, couronné par sa nomination à la tête d’une commission d’efficacité gouvernementale, a achevé de politiser une plateforme déjà bouillonnante. De quoi transformer chaque tweet sponsorisé en potentiel champ de mines.
Un redécollage ou simple feu de paille ?
Attention toutefois à ne pas crier victoire trop vite. Jasmine Enberg tempère : « Il est trop tôt pour parler d’un véritable retour en grâce« . D’après ses projections, les performances publicitaires d’ici 2025 resteront en deçà des niveaux de 2019. La rancœur tenace des consommateurs envers Musk, couplée à l’instabilité chronique de la plateforme, pourrait bien saborder cette embellie à peine amorcée.
Bizarrement, X réussit néanmoins à séduire un nouvel écosystème d’annonceurs. Les PME, moins sensibles aux considérations d’image de marque globale, s’engouffrent dans la brèche laissée par les mastodontes frileuses. Une diversification qui pourrait s’avérer salutaire pour le réseau social.
L’effet domino Zuckerberg
Plus surprenant encore : Mark Zuckerberg semble s’inspirer de la stratégie Musk en matière de modération. Le patron de Meta emboîte-t-il le pas à son rival dans une course au laisser-faire ? Cette convergence soulève des questions fondamentales sur l’avenir des réseaux sociaux. Sommes-nous à l’aube d’une nouvelle ère où la modération deviendrait un concept élastique au gré des humeurs des tech-oligarques ?
Côté valorisation, X a repris des couleurs, grimpant à 44 milliards de dollars cette année selon le Financial Times – un bond spectaculaire par rapport aux 10 petits milliards estimés par Fidelity Investments en septembre dernier. Mais derrière ces chiffres mirobolants, la question demeure : jusqu’à quand ce mariage de raison entre X et les annonceurs tiendra-t-il ?
Car ne nous y trompons pas, ce retour des marques s’apparente plus à une trêve armée qu’à une réconciliation durable. Et si les contenus clivants continuent de prospérer sous l’œil bienveillant de Musk, combien de temps avant que les annonceurs ne reprennent leurs billes, malgré la peur des représailles ? Dans cette partie d’échecs à haute tension, le prochain coup pourrait bien venir des consommateurs eux-mêmes.
📌 Source(s) et inspiration(s) :
TVA Nouvelles – X attire de nouveau les annonceurs par « peur » de Musk, pour certains
En Bref
• De nombreuses marques réinvestissent la plateforme X, après leur départ suite à l’acquisition par Elon Musk.
• Une hausse des recettes publicitaires de 17,5 % aux États-Unis et de 16,5 % à l’international est prévue d’ici fin 2023.
• La croissance repose sur la gestion des risques liés à la présence de contenus controversés.
• Les petites et moyennes entreprises sont de plus en plus attirées par la publicité sur X.
• L’incertitude sur le contrôle éditorial de la plateforme soulève des questions sur la pérennité des relations avec les annonceurs.